mardi 11 août 2015

L'art et la manière de foirer son entretien d'embauche (part 1)

Hello AL, 

Alors j'avais prévu un grand thème pour ce post intitulé '7 signes qui montrent qu'il est temps de changer d'orientation professionnelle', quand j'ai vu un post d'un de mes contacts sur 'les 6 profils qui énervent le plus les recruteurs' et je me suis dit "Bingo ! Voici mon thème." (je reviendrais quand même sur les 7 signes très bientôt).
Je te rassure, je ne vais pas te faire un cours sur les "à faire / à éviter" (enfin pas tout de suite), surtout que le web regorge déjà d'articles sur le sujet.

Par contre, je vais te parler de mes années en entreprise au cours desquelles j’ai eu l’occasion de participer à quelques comités de recrutement et où j’ai rencontré certains phénomènes qui semblaient avoir décidé de mettre toute leur énergie à rater leur entretien (je me suis demandée si on ne devrait pas spécialement ouvrir des écoles sur "comment rater son entretien d’embauche en 10 secondes").







1.      Le Talibé[1] qui me renvoie à ma condition de femme
Une de mes rares confrontations avec le sexisme dont on parle tant dans le monde de l’entreprise. Ayant évolué pendant plusieurs années dans une entreprise où seule la performance était valorisée (une chance, mais au détriment souvent de la qualité de vie), j’en étais venue à oublier que je n'étais "qu'une femme", jusqu’à ce que je rencontre ce jeune homme qui postulait pour un poste de manager dans MON équipe (expérience surréaliste).

Après avoir passé divers tests et entretiens, les RH lui avaient programmé un entretien final avec moi, avec un avis très positif sur le profil du jeune homme en question. Le jour de l’entretien, tout démarre bien (même si je sens le monsieur un peu tendu. Je ne tarderai pas à comprendre pourquoi), et j'en suis à me dire que j'ai peut être trouver ma perle rare... quand ladite perle m’annonce qu’il est talibé d’un célèbre Cheikh de la place et qu’il devra s’absenter de temps en temps si son Cheikh le sollicite. Haussement de sourcil : je sens poindre les problèmes futurs (le gars n’a pas encore le poste et il m’annonce déjà qu’il ne travaillera pas full time comme les autres… même s’il prendra quand-même le salaire full time).

Curieuse, je décide tout de même de poursuivre et lui demande quels sont les préceptes développés dans sa confrérie (ça m’avait toujours intrigué mais je n’avais jamais rencontré de disciple du Cheikh avant celui-là). Le jeune homme s’anime de plus en plus à mesure qu’il m’explique lesdits préceptes (nombreux haussements de sourcils pour ma part) quand l’un d’eux me cloue littéralement sur place "le Cheikh nous dit que nous ne devons pas nous laisser diriger par les femmes…

Plait-il ?! (Petit moment de flottement)
  • Moi (reprenant mes esprits) : « vous réalisez quand même que je suis une femme et que si on travaille ensemble, vous serez sous mes ordres
  •  Perle rare (laconique) : Hmmm
  • Moi (faisant appel à toute ma capacité de zenitude) : Ne pensez-vous pas que cela pourrait créer des tensions ?
  • Perle Rare (le plus sérieusement du monde) : Non pourquoi ? Tant que vous resterez à votre place de femme, je ne vois pas pourquoi on aurait des problèmes.
  • Moi (je me demande si je rêve) : Etes-vous en train de me dire que vous n’accepterez pas qu’une femme vous donne des ordres ?
  • Perle Rare : Tout à fait. Le Cheikh nous l’interdit et de toute façon une femme doit savoir rester à sa place
  • Moi (encore un peu sous le choc) : Bien Monsieur, je pense que nous avons fait le tour. Les RH reviendront vers vous très rapidement. »

Candidature rejetée !!!

Pour moi, l’histoire s’arrête là. Jusqu’à ce que les RH m’appellent pour me dire que le candidat souhaitait me rencontrer pour que je lui explique pourquoi sa candidature a été refusée dans la mesure où il est sûr que nous ne pouvions avoir meilleur candidat que lui !!!!
Moi je te le dis AL : il y a des baffes qui se perdent !

2.      L’accident de la route
Deuxième expérience, un peu moins surréaliste mais qui m’a tout autant interpelée vu le niveau de la personne impliquée.  Je recherchais un profil Marketing pour renforcer mon équipe commerciale et développer le catalogue de l’entreprise et j’avais une succession d’entretiens prévus dans l’après-midi pour trouver ma Perle Rare #2.

Le 1er entretien de l’après-midi était prévu à 15h avec une dame qui avait plus de 10 ans d’expérience dans une (vraiment) grosse multinationale, avec un profil manager qui plus est. A l’heure prévue, rien ! 15 minutes plus tard, je demande à l’assistante d’appeler le numéro de téléphone sur le CV, pas de réponse !

Les heures passent avec leur cortège d'entretiens et je ne pense plus vraiment au 1er (manqué) quand vers 17h30, on m’annonce que la dame de 15h vient d’arriver. T’ai-je déjà parlé de ma curiosité légendaire ? Je décide donc de recevoir la dame ne serait-ce que pour comprendre les raisons pouvant pousser quelqu’un à se présenter à un entretien d’embauche avec 2h30 de retard, sans avoir pris la peine d'appeler au préalable pour s'excuser. Je me suis régalée (bon sur l’instant j’avoue que j’étais juste un peu effarée).

La dame entre dans la salle - poignée de main sèche, pas un sourire, pas un mot concernant son retard, rien - et s’assoit tranquillement, le visage bien fermé (technique d’intimidation ?). Là j’ai envie de lui dire "Euh, ma bonne dame, quand tu arrives en retard à un entretien, tu t’excuses en entrant… c’est un b.a. ba", mais je choisis d’attendre pour voir si elle va le faire…

Rien (cela présage déjà assez sûrement de l'issue de l'entretien à mon avis). Elle est assise et elle attend.
  • Moi (sourire engageant) : Il me semble que votre entretien était prévu à 15h. Je me trompe ?
  • Mme Je_tire_la_tronche (sèchement) : Oui. J’ai eu un accident
  • Moi (un peu alarmée) : Oh je suis vraiment désolée. J’espère que ce n’est rien de grave. Vous auriez pu prévenir on aurait reporté votre entretien
Il a dû avoir vachement peur quand même le taxi !
  • Mme Je_tire_la_tronche : Non moi je n’ai rien. Mais il y a un taxi qui a percuté l’arrière de ma voiture. Donc il fallait que je fasse un constat. Ça m’a pris toute mon après-midi et mon téléphone était déchargé, je ne pouvais pas vous appeler (elle a quand même réussi à appeler la police de la route pour son constat… hmm)
  • Moi : Ah han ![2]Bien, nous pouvons donc passer à notre entretien si ça vous va
  • Mme Je_tire_la_tronche : D'accord (le sourire devait être en option en fonction des jours et j’avais sûrement décroché un jour "Sans"


.........................

Ouh la, j'ai beaucoup écrit dis donc. Bon ben je vais te laisser (t'inquiète, tu auras la suite la semaine prochaine

D'ici là, je te souhaite une superbe semaine.

A suivre





[1] Disciple
[2] Il faut savoir qu’à Dakar, tu peux utiliser le téléphone de n’importe qui dans la rue pour appeler. Il suffit juste de lui payer le prix de la recharge (250 FCFA)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Salut Ami Lecteur
Tu as aimé cet article... Pourquoi ne pas me laisser un message pour m'en faire part ? :-)